[PORTRAIT] Mathilde de Saint Lager – Le hasard à l'origine d'une carrière originale et variée
- Présente-toi en quelques mots
Bonjour à toutes et tous !
Je suis Mathilde de Saint Lager (Grande École 2003). Après un bac ES en poche, j’ai rejoint l’IÉSEG en 1998 un peu par hasard : une discussion dans un bar lillois avec quelques étudiants de première année enchantés de leur année a suffi à convaincre l’indécise que j’étais alors. Presque un non-choix donc… que je n’ai jamais regretté !
Intéressée par beaucoup de domaines, l’IÉSEG m’offrait, par la diversité des sujets étudiés, ce large éventail dont j’avais besoin pour m’orienter plus tardivement vers un secteur spécifique si je le souhaitais.
Ayant un parcours familial fortement marqué par l’international, l’ouverture de l’IÉSEG sur l’étranger a fortement compté dans ma décision : mon année à Mexico a d’ailleurs été sans aucun doute le jalon majeur de ce parcours de cinq ans au sein de l’École.
Sensible aux univers de marque, leurs stratégies produit ou de communication, je me suis spécialisée assez naturellement en Marketing, et ai apprécié la qualité des intervenants dans ce domaine.
- Quels souvenirs gardes-tu de tes études à l’IÉSEG ?
N’en déplaise à M. Ammeux et M. Bied, les premiers souvenirs qui me viennent à l’esprit ne sont pas académiques, mais associatifs et festifs : la diversité des activités proposées, le fort esprit d’École qui régnait en maître, m’ont particulièrement marquée.
Parmi eux, un projet extrêmement fédérateur : la Coupe de France des Grandes Écoles que j’ai organisée avec cinq de mes amis en 2001. Toute l’École derrière notre talentueuse équipe (arrivée sept fois en finale), des soirées mémorables, un super état d’esprit… c’était fou !
Dois-je citer également les « Open-bar » dans le sous-sol de l’IÉSEG, ou encore le Gala annuel lors duquel toutes les salles de classe, amphis et autres bureaux étaient totalement métamorphosés… je me rends compte aujourd’hui de la confiance immense qui nous était accordée par la Direction !!!
Au-delà de ces festivités, je garde le souvenir d’un enseignement assez pratique et exigeant, permettant d’acquérir méthode de travail et mode de réflexion, et d’être ainsi vite opérationnel en entreprise.
- As-tu gardé le contact avec tes amis de promo et avec l’École ?
L’IÉSEG de 1998 à 2003 comptait des promos de 150 élèves de mémoire… de quoi faciliter une très grande cohésion et faire naître des amitiés solides pour le restant de nos jours ! Cela a été le cas pour mon mari (rencontré à l’IÉSEG, pour être originale !) et moi-même, qui avons gardé des amis (lillois pour la plupart !) très chers à nos cœurs, malgré la distance qui nous sépare géographiquement.
J’ai assez peu en revanche gardé contact avec l’École pendant mes premières années… Partie à l’étranger en mission humanitaire, presque un parcours initiatique, j’ai pris le large, et n’ai pas eu le réflexe d’y revenir ensuite … sans mesurer l’aide dont je me privais ainsi ! Devenue entrepreneure en 2012, j’ai peu à peu repris contact avec l’École.
- Quelles ont été les grandes étapes de ta carrière professionnelle ?
Diplôme en poche, j’éprouve le besoin de me mettre au service des autres avant de « lancer » ma carrière et d’être privée de temps pour le faire. Je pars ainsi une année au Sénégal, à Ziguinchor, pendant laquelle je suis notamment en charge de la cellule d'appui de Prisonniers Sans Frontières. Mon objectif : ancrer en moi, à travers une expérience humaine forte, cette volonté d’être toujours ‘ajustée’ au Monde.
Mon retour, un peu difficile, est adouci par une première expérience très riche chez Vertbaudet (vêtements pour enfants) en tant que responsable merchandising puis responsable de collections Retail, dans un cadre d’expansion du réseau Retail Vertbaudet. Cette grande autonomie et le fait d’avoir beaucoup de responsabilités pour mon jeune âge m’ont fait grandir d’un coup !
Déjà nostalgique de l’étranger, je repars ensuite direction l’Espagne, toujours dans le prêt-à-porter, chez Mango puis Pepe Jeans, où je m’approche d’avantage du produit en tant que Product Manager Retail pour la France.
Mon retour en France s’accompagne d’une première remise en question concernant ce secteur : production désincarnée, participation à une grande structure remplie d’anonymes, travail avec des matériaux de mauvaise qualité, et process de décision longs… je ne me sens plus ajustée avec cela et ressens très clairement l’envie d’entreprendre par moi-même.
Se présente alors l’opportunité qui va me faire prendre un premier grand virage : je m’associe à ma cousine Laure de Sagazan et deviens alors en 2012 entrepreneure, co-entrepreneure exactement, en participant à la création et au développement de la maison de robes de mariées Laure de Sagazan.
Après une formidable aventure à tous points de vue de huit ans, je ressens le besoin d’exprimer ma propre créativité – qui était latente et ne demandait qu’à être écoutée. Cette demande devient soudain une urgence, et une évidence. J’explore plusieurs pistes mais le bijou revient tout le temps : j’ai l’intuition que ce petit objet, nomade, précieux, concentré de créativité et de savoir-faire, peut remplir nombre de mes « réservoirs ».
Carthage naît ainsi en 2020, pendant le premier confinement et avec elle, une joie profonde, lié au sentiment d’être à ma place, et d’avoir un terrain d’expression qui est la parfaite synthèse de mon histoire personnelle et mes valeurs.
- Ta plus grande réussite / fierté professionnelle ?
Au-delà de Carthage, qui s’accompagne pour moi de la fierté d’oser repartir de ZÉRO, je suis très fière de ce que nous avons réussi à monter avec Laure de Sagazan et son mari Edouard de Fraguier : une entreprise notoire, avec un succès aussi fulgurant que durable, mais surtout un atelier de confection exceptionnel où s’agitent les doigts agiles d’une trentaine de couturières au service du beau et de la perpétuation d’un savoir-faire ancestral. C’était un émerveillement au quotidien et la révélation de ce à quoi tout mon être aspirait… et qui reste mon fil conducteur aujourd’hui avec Carthage.
… tout cela avec une famille que je construisais : mon fils aîné Gabriel a trois mois lorsque je rejoins Laure, puis pendant les sept années qui suivent, ma famille s’agrandit avec la naissance de mes deux autres enfants. Un sacré challenge !
- Raconte-nous Carthage...
La liberté est mon fil conducteur dans la création de Carthage. C’est pourquoi je conçois des bijoux affranchis de toute tendance, lentement pensés, mûris et fabriqués à la main à Paris avec toujours ce souci d’excellence et un éloge de l’imperfection.
Ce sont des bijoux singuliers qui portent la voix de femmes souveraines qui ont jalonné l’Histoire – Esther, Judith, Lou Andreas-Salomé, Rosa Parks et bien d’autres inspirent mes collections dans l’idée de nous ouvrir ainsi à notre propre chemin de liberté.
- As-tu un conseil pour la dernière promo ?
Je pense plutôt qu’eux pourraient me prodiguer des conseils ! Tout va si vite, et je me sens déjà dépassée par les nouvelles formes de communication d’aujourd’hui, et ce, malgré ma grande appétence et un certain niveau d’expérience dans ce domaine.
Mais tout de même, un petit mot à l’attention de ceux qui se retrouvent dans mes tergiversations de départ, qui se demandent s’ils ne devraient pas faire telle ou telle autre étude, qui se sentent un peu différents et attirés par leurs 1000 autres passions : avec le recul de mes 18 ans d’activités, et cette reconversion à l’approche de la quarantaine dans l’artisanat d’art, je ne regrette rien de mon parcours. Il y a de nombreux chemins qui mènent à ce que vous êtes et que vous ignorez encore. Pour ma part les cinq années à l’IÉSEG n’ont pas été, bien au contraire, une perte de temps : dans ma vie d’artisane-entrepreneure aujourd’hui, la formation dispensée et l’expérience qui a suivi, m’ont permis d’aller bien plus vite dans la création de ma marque, et de disposer aujourd’hui de toutes les compétences pour la faire grandir !
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